La fatigue, une question de besoin

Dans l’article précédent, je vous ai parlé de la fatigue. Plus particulièrement, du syndrome de fatigue, avec ses quatre étapes, qui nous font passer d’une fatigue passagère à un véritable état d’épuisement.
On avait aussi évoqué l’importance de faire des pauses, même toutes petites.
Et je terminais sur cette question : quelle est la différence entre se reposer et se ressourcer ?
C’est justement ce dont on va parler dans cet article, issu de l’épisode #003 du podcast. Parce que la fatigue, on peut aussi l’aborder sous l’angle de nos besoins.
Nos besoins de repos. Nos besoins de récupération. Et nos besoins de ressourcement.
Alors, de quoi avons-nous vraiment besoin ? Et surtout : est-ce que notre fatigue vient du fait qu’on se repose trop peu… ou qu’on ne se ressource pas assez ?
Une métaphore technologique
Pour comprendre, je vais partir d’une métaphore très simple. Prenons un téléphone portable.
Quand il chauffe, qu’est-ce qu’on fait ? On l’éteint, pour éviter la surchauffe. Et quand la batterie est vide ? On cherche un chargeur et on le branche.
C’est pareil avec une voiture. Si le moteur chauffe, on coupe le contact. Si le réservoir est vide, on fait le plein. Il ne nous viendrait pas à l’idée de remettre de l’essence si le moteur surchauffe… ni de croire que le niveau d’essence va remonter tout seul en coupant le contact.
Nous ne sommes pas des machines, bien sûr. Le corps humain est beaucoup plus complexe. Mais c’est quand même, la même logique. Et quand nous ne savons pas identifier nos besoins, on peut facilement se tromper.
On peut chercher à se reposer alors qu’on a besoin de se ressourcer. Et dans ce cas, la fatigue reste là, incomprise.
Se reposer ou se ressourcer : quelle différence ?
Alors, concrètement : qu’est-ce que ça veut dire se reposer ? C’est comme mettre l’appareil sur off. Notre organisme est en surchauffe, et il faut arrêter de l’utiliser un moment.
Et se ressourcer ? C’est comme refaire le plein d’énergie. Recharger la batterie qui est vide.
Comment se reposer ?
Il y a plusieurs formes de repos.
Le repos social
Certaines personnes se ressourcent en étant en contact avec d’autres, en discutant, en partageant. Mais pour d’autres, au contraire, les interactions sociales consomment énormément d’énergie.
Et puis, dans nos relations, on doit souvent tenir un rôle, adopter une posture sociale, au boulot, dans nos familles. Ça mobilise aussi beaucoup d’énergie et ça peut finir par épuiser.
Dans ce cas, on peut avoir besoin de moments complètement seuls. Sans aucune interaction. Même pas avec ses proches. Juste soi, avec soi.
Le repos émotionnel
Chaque jour, nous vivons des situations qui sollicitent nos émotions. Courir pour arriver à l’heure. La remarque du collègue qui pique un peu. Les infos, avec leur lot de mauvaises nouvelles. Et aussi les événements du quotidien, qu’ils soient agréables ou non. Tout cela vient activer notre système émotionnel, encore et encore.
Dans ces moments-là, on a besoin de calme. De détente. De relaxation. De temps où l’on ne fait rien.
Le repos sensoriel
Bien sûr, certaines personnes connaissent une hypersensibilité sensorielle : elles supportent mal les lumières fortes, les bruits trop intenses, ou même les étiquettes qui grattent.
Mais d’une manière générale, dans notre société, nous sommes tous surstimulés en permanence. Il y a la musique dans les magasins, les panneaux publicitaires dans la rue, les écrans, les notifications qui interrompent sans cesse notre attention…
Sans oublier les changements de température brutaux, quand on gagne ou perd dix degrés du jour au lendemain. Ça oblige notre organisme à s’adapter très vite, et ça consomme énormément d’énergie.
Dans ces cas-là, ce dont on a besoin, c’est de réduire la surstimulation. Couper les notifications. Éteindre les écrans. Baisser les sons et les lumières. En bref : offrir à nos sens une vraie pause.
Comment se ressourcer ?
Le ressourcement, lui, c’est différent. C’est refaire le plein.
Et là, il n’y a pas de solution unique : ça dépend vraiment de chaque personne.
Pour certains, ce sera les activités artistiques : dessiner, danser, chanter, jouer d’un instrument.
Pour d’autres, ce sera la nature : marcher, jardiner, prendre un bain de soleil, respirer dehors.
Il y a aussi les activités culturelles : lire, aller au cinéma, visiter un musée.
Et pour d’autres encore, le ressourcement peut passer par la spiritualité.
Tout ce qui nous nourrit intérieurement. Tout ce qui nous met en joie, nous fait vibrer. Tout ce qui recharge nos batteries.
Comment identifier ses besoins ?
Mais la vraie question, c’est : comment on fait pour savoir de quoi on a besoin, vraiment ?
Eh bien, ça demande de se connaître. De s’écouter. Et ce n’est pas si simple.
Parce que beaucoup d’entre nous n’ont pas appris à écouter leurs signaux de fatigue.
On nous a plutôt appris à dépasser nos limites. À tirer sur la corde.
Alors forcément, ce n’est pas évident de savoir si on a besoin de repos… ou de ressourcement. Et parfois, il faut passer par une phase de test. Essayer, voir ce qui nous convient, et ajuster.
Je vais vous donner un exemple personnel. J’avais mis le podcast en pause pour éviter l’épuisement. Et oui, au départ, ça a comblé mon besoin de repos, sur le plan cognitif et sur la charge de travail. Mais assez vite, j’ai ressenti un manque. Parce que mon podcast répond aussi à d’autres besoins : un besoin de créativité, un besoin de me sentir utile, et même un besoin de fun dans mes activités professionnelles.
C’est en faisant ce test que j’ai pu voir plus clair.
C’est en essayant qu’on affine ce qui nous ressource et ce qui nous repose vraiment.
Mais au fait, c’est quoi un besoin ?
Et là, une question se pose : au fond, c’est quoi un besoin ?
Ce n’est pas toujours simple à distinguer.
Un besoin, ce n’est pas une envie, ni une préférence, ni une émotion qui peut y être associée, ou encore moins les moyens de le satisfaire.
Ce n’est pas non plus un simple moyen de se faire plaisir.
Je pourrais faire un épisode entier sur le sujet. En atelier collectif, j’utilise parfois un outil pédagogique qui contient 70 cartes, chacune représentant un besoin. 70 besoins différents !
Évidemment, je ne vais pas vous les citer tous ici, mais je peux vous donner quelques exemples.
Il y a les besoins physiologiques : manger, boire, dormir.
Les besoins de certitude et de sécurité : se sentir protégé, avoir un minimum de contrôle.
La sécurité émotionnelle aussi : sentir qu’on peut compter sur les autres.
Il y a les besoins de reconnaissance : être vu, être valorisé pour ce que l’on est.
Les besoins de connexion, d’amour, de relations proches.
Les besoins de stimulation.
Et puis, les besoins de contribution : donner, participer, apporter quelque chose aux autres.
Bien sûr, globalement on peut se dire que nous avons tous.tes ces besoins. Mais nous n’avons pas tous.tes besoin de les satisfaire avec la même importance, ni au même moment, ni de la même manière.
Et c’est là que la connaissance de soi devient essentielle. Pour identifier ce qui est vraiment important pour soi. Pas ce que « l’on devrait », pas ce que « tout le monde dit », mais ce qui compte réellement pour nous.
Regarder sa fatigue autrement
Satisfaire nos besoins, c’est agir directement sur notre énergie et notre motivation.
Quand la fatigue s’installe, ce n’est pas toujours parce qu’on a dépensé trop d’énergie physiquement.
C’est parfois parce qu’on a dépensé de l’énergie psychique et émotionnelle : à ruminer, à s’inquiéter, à compenser un besoin qui n’est pas nourri.
Et ça, ça change tout. Parce qu’on se rend compte que la fatigue n’est pas seulement un signal de « trop d’effort », mais aussi un signal de « manque de sens », de « manque de joie », ou de « manque de lien ».
Alors, je vous invite à regarder votre fatigue autrement.
Est-ce qu’elle vous dit « repose-toi » ? Ou bien est-ce qu’elle vous dit « recharge-toi » ?
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