C’est quoi le lâcher-prise ?
Pendant de nombreuses années je n’ai pas vraiment compris ce que cela signifiait, de ‘lâcher-prise‘.
Lâcher quoi d’abord ? Et pour quoi faire ?
Je pensais surtout qu’il s’agissait de renoncer. En particulier à ce qui était important pour moi, comme mes valeurs. Et bien sûr, cette perspective d’abandonner ce qui comptait pour moi était inacceptable !
J’étais souvent stressée. Je fumais beaucoup. Je prenais les choses à cœur, trop, surtout au travail. J’avais de grands idéaux, une idée de ce qui devait être fait et comment y arriver. J’étais aussi très en colère contre plein de choses. Rien ne se passait comme je le voulais. Et moins ça allait dans le ‘bon’ (mon) sens, plus j’étais stressée, plus je fumais, plus je dormais mal, plus ça n’allait pas…
Je n’avais plus aucun recul sur les situations et rendais le monde extérieur responsable de tout ce qui n’allait pas dans ma vie… Le concept de lâcher-prise n’avait aucun sens pour moi.
Et un jour, j’ai lu ce petit livre : Le Why café de John P. Strelecky et en particulier l’extrait qui suit.
Une histoire de tortue :
‘(…) Un jour où j’étais en voyage dans les mers du sud, je faisais de la plongée sous-marine. Le paysage était sublime. J’aperçus une tortue verte de mer qui nageait près de moi. Étant compétitif à mes heures, je décide de faire la course avec elle. J’observe ses mouvements et ils sont très lents, parfois même elle ne fait aucun geste de nage. La victoire est dans la poche me dis-je…
Mais voilà qu’après à peine quelques minutes, je constate qu’elle m’a déjà distancé. Redoublant d’ardeur, j’accélère ma nage en agitant mes bras et mes jambes de plus en plus fort. Après quelques minutes, je relève la tête, à bout de souffle, convaincu d’avoir rattrapé mon retard. Je constatais avec stupéfaction que l’écart avait encore augmenté. Aucun doute, je traînais de la patte et je n’allais pas gagner cette course.
M’avouant vaincu, je décide d’observer un peu plus en détail la façon dont elle nage. À prime abord, rien de particulier. Les mêmes mouvements lents et à l’occasion, aucun mouvement. Soudain, je remarque quelque chose : les mouvements de la mer. La mer a des mouvements d’ondulation. Pour simplifier, disons simplement que parfois ils vont vers l’avant, parfois ils vont vers l’arrière.
La tortue verte de mer connaît ce mouvement par cœur, c’est évident. Lorsque la mer pousse dans une direction favorable à l’endroit où elle veut aller, elle nage et sa vitesse est décuplée puisqu’elle profite du mouvement de la mer pour aller plus vite. À l’opposé, lorsque l’ondulation pousse dans l’autre direction, la tortue cesse de nager, sachant très bien que ce ne serait qu’énergie gaspillée. Elle en profite pour se reposer et se prépare à la prochaine vague positive.’
Le Why café de John P. Strelecky
Cesser de nager contre le courant
Cette métaphore a été pour moi une première compréhension de ce qu’est le lâcher-prise. En continuant de nager contre le courant, nous nous épuisons et nous n’avançons pas. Contrairement à la tortue, qui elle maitrise la situation. Elle fait avec les courants marins. Elle ne peut les changer. Alors elle gère ses efforts en s’appuyant sur son environnement.
Le lâcher-prise c’est ainsi accepter et faire avec.
Accepter n’est pas renoncer
Faire avec, ne signifie pas qu’on cautionne ou que l’on abdique. C’est être lucide et accepter qu’il y a des choses sur lesquelles nous n’avons pas prise.
‘Accepter, ce n’est pas renoncer ni se soumettre, ce n’est pas approuver mais affronter ce qui est. Ce n’est pas dire c’est bien mais c’est là.’
Christophe André
Selon le dictionnaire Larousse, lâcher-prise est un ‘moyen de libération psychologique consistant à se détacher du désir de maîtrise.’
Le ‘lâcher-prise‘ est un processus. C’est un cheminement individuel et personnel, dont la première étape est accepter. Accepter de ne pas tout maitriser. Accepter ce qui est.
Pourquoi lâcher-prise ?
Pour cesser de lutter contre l’inévitable, l’inéluctable, voire l’imprévisible. Arrêter de ressasser son passé. Laisser passer ses pensées négatives et ruminations. Stopper l’autocritique. Accueillir ses émotions.
Cette démarche permet de réduire son stress, de retrouver plus de sérénité, de mieux communiquer, d’avoir plus confiance en soi.
C’est une étape essentielle dans toute période de transition de vie. Elle permet d’accéder au changement.
Retrouver son pouvoir
Accepter de ne pas tout maitriser c’est aussi retrouver son propre pouvoir. En effet, après avoir fait le tri entre ce qui dépend ou non de soi, entre ce qu’il est ou non possible de changer, il devient plus facile de porter son attention et de mettre son énergie, puis d’agir, là où c’est pertinent.
Cela permet de mieux se connaitre et de redevenir acteur de sa vie.
De retrouver aussi sa responsabilité en ne considérant plus les autres et son environnement comme responsables de toutes nos difficultés.
Lâcher quoi ?
C’est en commençant par identifier ce que l’on ‘tient’, ce à quoi on ‘s’accroche’, qu’on pourra ensuite le ‘lâcher’.
Qu’avez-vous besoin de ‘lâcher’ ? Des pensées parasites, une croyance limitante, une relation, un évènement passé, une habitude, un comportement, des peurs, des complexes, des jugements… ?
Un accompagnement peut s’avérer nécessaire.
La seule prise de conscience ne suffit généralement pas à enclencher le changement. Le processus peut également être long. Et comme pour tout changement, il peut y avoir des résistances à lever, des limites à reconnaitre, des émotions à accueillir, du sens à retrouver.
Lors d’une conférence en 2018, Sophie Peters a dit du lâcher-prise que c’est ‘prendre le réel dans ses bras‘. C’est une formulation plus positive du concept. Une histoire de posture face aux évènements.
Un chemin pour vivre plus d’harmonie avec soi et avec les autres.