La propagation du burn-out

Focus sur le burn-out

La propagation du burn-out : identifier comment il s'installe, l'engrenage pour éviter l'effondrement. Hypnose Sophrologie Accompagnement pour vous aider à gérer le burn-out et vous reconstruire. Karine Agnez. Savenay

Dans les articles précédents, je vous ai présenté les ingrédients du stress et je vous ai parlé, entre autres, de la courbe du stress. En mettant l’accent sur le risque d’épuisement avec l’installation du stress chronique et plus particulièrement, le risque de burn-out.

Dans ce nouvel article, je vous propose de faire un focus sur le burn-out.

Aujourd’hui, on entend de plus en plus parler du burn-out. On entend également parler de burn-out professionnel, burn-out parental, burn-out émotionnel, même de bore-out et de brown-out. Tous ces termes augmentent les sources d’information et les notions. Ce qui n’aide pas à avoir une représentation claire de ce que c’est réellement. Ni dans les signes et manifestations, ni dans les conséquences.

Bref, c’est quoi le burn-out ?

Le burn-out professionnel

Ici, je parle du burn-out dit professionnel et je m’appuie sur l’approche de Marie Pezé, qui est, entre autres, l’autrice du livre le burn-out pour les nuls et fondatrice du réseau Souffrance et Travail. Et je vous parlerais plus particulièrement de la notion de propagation du burn-out.

Alors non, il ne s’agit pas d’une quelconque contagion d’une maladie appelée ‘burn-out’, d’une personne à une autre. Le burn-out n’est d’ailleurs pas une maladie, mais un syndrome. C’est-à-dire un ensemble de symptômes.

La propagation du burn-out fait référence, justement, à comment le burn-out s’installe, se développe, progressivement chez une personne. Les symptômes peuvent commencer par de petites modifications auxquelles la personne ne prête pas vraiment attention et s’adapte.

Une histoire de grenouille

Cela me fait penser à l’allégorie de la grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite, ce conte est présenté et commenté par Olivier Clerc, dans son livre du même nom : la grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite et autres leçons de vie.

Ce conte parle d’une grenouille qui nage tranquillement dans une marmite remplie d’eau froide. Un feu est allumé sous la marmite, l’eau se réchauffe progressivement. La grenouille trouve cela agréable et continue de nager. La température de l’eau devient même idéale. Puis, l’eau continue de chauffer et la grenouille continue de nager même si elle a un peu moins d’énergie. Elle ne se rend pas compte du danger. La température de l’eau continue encore de monter, la grenouille commence à trouver cela désagréable. Elle s’affaiblie, mais supporte la chaleur. Et cela continue, jusqu’à ce que l’eau devienne trop chaude. La grenouille est cuite.

C’est quoi le rapport entre cette grenouille et le burn-out ?

Comme la grenouille qui s’adapte à l’augmentation progressive de la température de l’eau, jusqu’à se mettre en danger, nous nous habituons et nous adaptons, à nos environnements, à des situations, à nos symptômes de stress et autres maux… Parfois, nous tentons de tenir coûte que coûte. C’est comme cela que nous pouvons arriver au burn-out.

Par ailleurs, si je fais le parallèle entre ce conte de la grenouille et le burn-out, c’est aussi par rapport à l’environnement. Dans le conte, il y a bien la température de l’eau qui augmente, ce n’est pas la grenouille qui s’agite de trop toute seule.

En revanche, pour le burn-out, on entend et lit encore souvent qu’il s’agit de l’épuisement qui touche des personnes surinvesties dans leur travail. Même la définition de l’OMS – qui date de 2019, donc avant la pandémie et certaines prises de conscience, analyses et études sur la santé et le bien-être au travail, le rapport au travail, les conséquences des conditions de travail, etc. – caractérise le burn-out, comme : Un syndrome résultant ‘d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès’. Laissant ainsi entendre que l’unique responsabilité revient à la personne qui n’aurait pas su gérer son stress.

Aujourd’hui, enfin, il est admis que le burn-out prend sa source dans l’environnement de travail et qu’il est le résultat d’une interaction et d’une rencontre entre des facteurs organisationnels et des facteurs individuels.

En enfin, ce conte parce que la grenouille finit mal dans la marmite d’eau et que le burn-out entraine également à de graves séquelles.

Reconnaître les signes du burn-out pour mieux agir

Le burn-out s’installe progressivement, dans la durée, et ses conséquences sont importantes et peuvent laisser des séquelles substantielles, sur les plans physiques, émotionnels, cognitifs, relationnels.

Il est essentiel d’en reconnaitre les signes pour stopper le processus.

Pour cela, je voulais vous parler du test de propagation du burn-out. Il est à retrouver sur le site du réseau Souffrance et travail.

Il ne s’agit pas d’un test de personnalité ou d’un autotest chiffré pour dire à quel degré de burn-out vous êtes. Non.

Il s’agit d’affirmations, listées dans dix chapitres qui sont dix étapes dans le temps. Au fur et à mesure que vous avancez dans le document et les affirmations, vous découvrez la progression de symptômes physiques, psychiques, émotionnels, de comportements, leur apparition, leur évolution, leurs impacts sur la vie quotidienne et les relations…

Vous suivez le cheminement de l’épuisement, vers l’effondrement.

Ce test est un outil :

  • qui permet de prendre conscience des signes qui doivent alerter, que ce soit pour vous-même ou pour une personne de votre entourage.
  • qui permet de se positionner. De savoir où l’on en est. Et les étapes suivantes si on ne fait rien…

La première étape fait état de :

Une manière de travailler

Par exemple :

  • Vous aimez votre travail et vous ne comptez pas trop votre temps et votre investissement.
  • Les valeurs du travail bien fait, de l’engagement, de l’utilité sociale sont ancrées en vous par votre éducation familiale ou par des expériences de vie qui vous en ont démontré l’importance.
  • Vous êtes un bon petit soldat, vous participez au travail collectif de votre entreprise ou de votre institution, vous êtes fier d’en « être », la renommée de votre employeur fait un peu la vôtre.

Etc.…

Ensuite,

La surchauffe

La surchauffe et ‘les premières contradictions et impasses que l’organisation du travail sait retourner contre celui ou celle qui ne sait pas s’organiser, ou hiérarchiser ses tâches.’

Ici je vous énonce la liste complète des affirmations car elle significative de l’évolution progressive :

  • Vous savez que depuis quelques temps vous manquez d’effectif, de moyens et de temps pour faire votre travail, mais vous faites avec.
  • Depuis quelques temps quand même, vous ressentez de plus en plus de difficultés pour accomplir tout votre travail.
  • Vous rentrez chez vous soucieux de ne pas être à jour, en sachant que ce qui n’a pas été fait aujourd’hui va se rajouter à la charge de demain.
  • Vous ne dormez plus vraiment sur vos deux oreilles.
  • Vous essayez, quand c’est trop difficile, de faire remonter vos difficultés auprès de votre encadrement mais ils vous répondent que c’est comme ça et qu’on ne peut pas faire autrement. Que c’est temporaire, un simple coup de collier à donner.
  • Comme ça dure, vous en reparlez et là on vous répond que vous devez mieux définir vos priorités, hiérarchiser vos tâches.
  • Du coup, vous vous sentez bien seul·e.
  • Avec le discours qu’on vous renvoie, vous avez l’impression de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend de vous. Vous vous dites que c’est vous qui n’en faites pas assez, ou pas assez bien.
  • Vous commencez à vous sentir coupable de ne pas y arriver.
  • Vous avez un peu peur pour votre boulot.
  • Vous décidez donc de faire des efforts pour vous mettre à jour. Vous arrivez plus tôt, vous restez plus tard, vous poussez la machine.
  • Vous travaillez chez vous le soir, les week-ends.
  • Mais même avec tous ces efforts, Vous n’arrivez plus à vous mettre à jour.

Le stress chronique

Au bout de six mois de stress continu, l’organisme est entamé dans toutes ses fonctions.

Par exemple :

  • Votre capacité d’attention et de concentration est saturée, vous n’imprimez plus tout ce que vous devez retenir.
  • Il vous faut plus de temps pour tout faire, ça devient un cercle vicieux
  • Vous avez de plus en plus souvent mal au crâne, à la nuque…
  • Vous commencez à avoir mal de ci de là, puis bientôt vous avez mal partout
  • Vous êtes une boule de muscles endoloris et de tensions
  • Vous avez mal aux yeux
  • Vous avez la vue qui se trouble
  • Vous devez faire changer vos lunettes
  • Tout commence à vous agacer, le manager qui vous demande de faire des choses en plus, vos collègues qui ne vont pas assez vite et qui bloquent votre travail
  • Vous êtes plus irritable, impatient·e
  • Vous avez du mal à trouver le sommeil quand vous vous couchez car vous surfonctionnez tellement pendant la journée, que le soir, vous ne redescendez pas

Ensuite, vient

L’engrenage

Par exemple :

  • Vous vous réveillez en pleine nuit et vous êtes assailli par tout ce que vous n’avez pas fait, tout ce que vous avez encore à faire
  • Vous ruminez et vous n’arrivez plus à vous rendormir
  • Vous voudriez bien décrocher mais comment faire ?
  • Vous n’arrivez pas à décrocher de votre messagerie, de votre smartphone
  • Vous vous sentez épuisé
  • Vous n’avez pas fini ce que vous aviez à faire hier et vous n’avez pas dormi de la nuit en pensant à ce qui allait vous tomber dessus ce matin
  • Vous êtes pris dans un engrenage : vous êtes fatigué, donc moins performant. Vous redoublez d’effort et donc vous doublez votre fatigue
  • Vous avez du mal à trouver les mots, vous oubliez vos codes de carte bleue, votre numéro de sécurité sociale

Puis ça continue, …

La désocialisation

Par exemple :

  • Vous n’allez plus prendre de café à la machine, ni déjeuner à la cafétéria, d’abord, ça vous fait perdre du temps et puis les écouter vous agace.
  • Bientôt vous ne sortez plus car vous n’avez plus l’énergie.
  • Vous n’avez plus le temps d ‘aller courir
  • Vous vous mettez en colère plus facilement

Arrivent ensuite :

Les signaux forts

Les troubles et lésions sont encore plus importants.

torticolis, lumbagos, palpitations cardiaques, le coeur qui s’emballe, qui bat la chamade, vertiges … Vous allez travailler à reculons. Vous avez pris 10 kilos en quelques mois ou Vous perdez du poids…

Et ça continue encore, avec des conséquences de plus en plus critiques sur tous les aspects…

Jusqu’à l’effondrement.

Certaines personnes ne sont plus capables de fonctionner et se retrouvent hospitaliser car toutes les fonctions de l’organisme sont épuisées, dépassées.

Un signal important : La fatigue

Il est souvent difficile d’arrêter le processus. Pour plein de raisons différentes et propres à chaque personne. On peut être dans le déni de la situation ou de notre état réel, se culpabiliser de ne pas arriver à faire face et redoubler d’efforts, ne pas avoir conscience de la gravité de certains symptômes, avoir peur de parler, de demander de l’aide, de passer pour faible, peur des conséquences professionnelles, …

En revanche, il existe un indicateur, un signal à ne pas ignorer et à prendre en considération, quelle que soit notre situation : la fatigue !

En effet, la fatigue a pour but de nous inviter à ralentir ou à nous mettre au repos. C’est un mécanisme de protection, pour pouvoir recharger les batteries et préserver notre organisme.

Je vous partage ce qu’en dit Marie Pezé :

‘La dépense d’énergie. Elle n’a qu’un but : conserver l’équilibre de la vie, nous permettre de vivre des intérêts sans toucher à notre capital santé. Le travail de l’homme obéit aux mêmes lois de la thermodynamique et va s’ajouter à la dépense d’énergie nécessaire au maintien des fonctions vitales. La fatigue est l’échec temporaire ou permanent de l’effort d’équilibrer les forces du sujet avec les contre-forces de son milieu. Si la période de récupération ne succède pas à la dépense d’énergie, le bilan énergétique devient rapidement déficitaire et peut aboutir à l’apparition de lésions irréversibles.’

Quand le repos ne repose plus, il est urgent d’agir !

(Re)connaitre pour mieux lutter

Je voulais faire cet article sur le burn-out parce que le reconnaitre et lutter contre, me tiennent à cœur depuis longtemps.

Connaitre la propagation du bunr-out est un bon repère pour soi et pour les autres.

Souvent, quand les personnes qui me contactent pour de la gestion du stress arrivent en première séance, elles ont comme demande de trouver des outils pour mieux réussir à gérer leur stress et faire face à la pression au travail. Et quand je les questionne sur leur quotidien, il est fréquent qu’elle me raconte des conditions de travail délétères. Pourtant, elles se sentent responsables de ne pas réussir à supporter leur contexte et à devoir faire encore plus d’efforts.

Et je trouve cela injuste !

Pour conclure, un chiffre et une citation

Le chiffre : 2,5 millions de personnes.

D’après une étude réalisée début 2022 par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, 34 % des salariés seraient en burn-out dont 13 % en burn-out sévère soit 2,5 millions de personnes.

La citation :

‘Le burn-out est appréhendé comme un drame de l’insuffisance individuelle alors qu’il relève d’une pathologie sociale, voire de civilisation.’

https://www.souffrance-et-travail.com/guides-pratiques/auto-evaluation-epuisement-professionnel/

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