Le stress et les émotions, c’est comme les coquelicots

De mauvaises herbes

Nous traitons nos réactions émotionnelles ou de stress comme des mauvaises herbes. Le nouvel épisode du podcast. Karine Agnez Sophrologie Hypnose Coaching

Depuis que je suis toute petite, les coquelicots me fascinent. Je vous en dis plus dans l’épisode du podcast sur le sujet.

Je les trouvais tellement belles ces fleurs !

Ce que je ne comprenais pas, non plus, c’était que l’on traite les coquelicots de mauvaises herbes. Comment une fleur aussi belle et qui semble si fragile, peut-elle être mauvaise ?

En réalité, elles sont loin d’être aussi fragiles qu’elles le paraissent. Elles sont capables de pousser n’importe où, entre deux pavés ou dans la brèche d’un trottoir en bitume. Les coquelicots poussent là où l’on ne les attend pas et sont ainsi perçus comme envahissants et nuisibles, notamment pour les cultures.

Les coquelicots se sont progressivement effacés de nos paysages, du fait de l’emploi généralisé des herbicides et de l’amélioration du tri des semences de céréales. Ils sont indésirables

Ce traitement, c’est ce que nous avons tendance à faire avec nos réactions émotionnelles ! Nous luttons contre, nous culpabilisons de nos ressentis, nous avons aussi souvent envie de mieux les contrôler et parfois, carrément, de nous en débarrasser. Nous les traitons comme des mauvaises herbes !

Ce que l’on a appris depuis petits

C’est ce que nous faisons tout particulièrement avec nos émotions que nous jugeons comme négatives : les réactions de stress, la colère, la tristesse, la peur, l’agacement, etc. Ce rapport houleux est tout à fait compréhensible.

En effet, c’est assez récent que l’on cesse de distinguer d’un côté la raison, de l’autre, les émotions. Les études et travaux scientifiques au sujet des émotions se multiplient surtout depuis les années 1980 et les découvertes sont encore loin d’être terminées.

Nous commençons donc seulement à comprendre comment tout cela fonctionne et n’avons donc pas pu apprendre à faire autrement plus tôt.

Depuis que nous sommes enfant, nous entendons des jugements négatifs sur nos émotions. Nous entendons également des phrases qui nous invitent à les ignorer : Arrête de pleurer, les grands ça ne pleurent pas.- Arrête de faire ton caprice, tu n’as aucune raison d’être en colère. – T’es pas belle quand tu pleures. – Les garçons ça pleurent pas. – La peur c’est pour les bébés, aller sois courageux. – Arrête de t’inquiéter comme ça, tout ira bien. – Tu es trop sensible, faut que t’apprenne à prendre les choses moins à cœur. – Tu exagères, ce n’est pas si grave que ça. Etc.

Même devenu adultes, nous entendons encore : La colère est mauvaise conseillère. – On ne doit pas mélanger les affaires et les sentiments. – Montrer ses émotions au travail, ça n’est pas professionnel. – Il faut juste se ressaisir et ne pas laisser le stress prendre le dessus. – Le stress professionnel est inévitable, il faut juste faire face et avancer.

Le stress et les émotions sont utiles

Que ce soit le stress ou une émotion, dans tous les cas, il s’agit de mécanismes naturels.

Il y a des modifications physiologiques et physiques : production de larmes, augmentation du rythme cardiaque, modification de la respiration, des mouvements spontanés (élan vers l’avant, repli vers l’arrière), gorge qui se serre, transpiration, tensions musculaires, joues qui rougissent, la posture qui change, l’expression du visage. Plein de manifestations et de sensations corporelles.

Chacune de ces modifications, prépare le corps au mouvement, à l’action, à la réaction, face à une situation, à un évènement, à l’environnement.

Le rôle de ces mécanismes naturels est de nous permettre de nous adapter à notre environnement. Ou c’est un message sur les modifications à adopter face à ce qui se passe dans notre environnement, ou c’est un moyen de réagir et d’agir en cas de danger.

Ce sont des réflexes pour garantir notre survie, en tant qu’espèce. Ce sont des réactions naturelles et vitales !

‘Le stress est le stimulus de l’évolution. Sans stress, il n’y aurait pas de croissance’

Hans Selye

Les risques à lutter

Ce qui pose un problème, sont les tentatives de contrôle de nos émotions et de notre stress. Sur le long terme, c’est comme mettre un cache sur le voyant du tableau de bord qui s’allume, au lieu d’emmener la voiture au garage.

‘La réaction de stress a pour objectif de nous stimuler pour nous permettre de mieux nous adapter. C’est simplement la durée, la répétitivité ou l’intensité excessive de la réaction de stress qui représente un problème.’

Ch. André – F. Lelord – P. Légeron, Le stress, Editions Privat, 1998

Les risques à lutter contre le stress et à ignorer nos émotions sont du mal-être, des troubles du sommeil, des douleurs, des troubles digestifs, de l’anxiété, des maux de tête, plein de troubles et de maux, jusqu’à des maladies et jusqu’au burn-out.

À trop contrôler, à ignorer ce qui se passe dans notre corps, à un moment donné, l’organisme n’arrive plus à réguler.

Commencer à faire autrement

Modifier le regard que nous portons au stress et aux émotions, cette relation que nous entretenons avec nos états et réactions émotionnels, c’est un nouvel apprentissage. C’est apprendre à faire différemment.

Pour apprendre à reconnaitre que l’on est un être émotionnel et ainsi mieux accueillir son stress et ses émotions, vous pouvez prendre l’habitude de vous demander : Qu’est-ce que je ressens, là maintenant ? En de vous connecter au corps, à vos sensations corporelles.

Je vous propose de commencer par effectuer régulièrement l’exercice d’écoute de vos sensations : la lecture du corps.

Vous pouvez également prendre l’habitude d’écrire ce que vous ressentez. Après l’exercice de lecture du corps, notez ce que vous avez ressenti pendant l’exercice et aussi comment vous vous sentez à présent. Vous pouvez aussi le faire après une réaction émotionnelle en notant vos ressentis, vos sensations.

Nommez l’émotion que vous avez ressenti et comment elle s’est manifestée dans votre corps (j’ai senti ma mâchoire se serrer, j’ai eu très chaud dans le haut du corps, …)

En effet, nommer l’émotion, le ressenti, c’est un premier pas vers sa compréhension et vers le traitement de ce qui l’a déclenché.

La bonne nouvelle, en effet, c’est que la capacité à sentir puis à comprendre nos émotions et notre stress, pour mieux les traverser, ça s’apprend.

‘Les émotions sont comme des vagues. Vous ne pouvez pas arrêter les vagues, mais vous pouvez apprendre à surfer.’

Jon Kabat-Zinn

Un premier pas

Comme toutes les fleurs, les coquelicots attirent les abeilles, mais pas seulement. J’ai lu qu’avec leurs racines pivotantes, ils permettent une bonne infiltration de l’eau dans le sol et une meilleure aération du sol. Ils sont donc utiles.

Je trouve aussi que les coquelicots ajoutent de la beauté à notre environnement. Pour moi, nos réactions émotionnelles aussi. D’autant que, bien plus qu’utiles, elles nous sont vitales !

Comprendre que nos émotions et notre stress nous sont utiles, qu’elles et qu’il, sont légitimes, permet de porter un autre regard sur ce que nous ressentons. Un regard avec moins de jugement, moins de culpabilité, avec plus de bienveillance pour soi-même.

Ainsi, c’est un premier pas vers une relation plus apaisée avec soi-même et avec les autres aussi.

Qu’en pensez-vous ?

Des difficultés avec vos émotions ou votre stress, nous pouvons en parler :